L'épicerie du Rond-Point d'hier à aujourd'hui
Découvrez l'épopée fantastique des familles Chevrier-Fauchère-Clivaz
commencée dans les années 20 avec la création de la Cordonnerie Jean Chevrier
Il était une fois...Au début était un hangar à mulet des postes... et juste au-dessus du hangar à mulet des postes, une cordonnerie... |
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Des kilomètres à pied, ça use, ça use, des kilomètres à pied, ça use les souliers. Les touristes allemands du Grand Hôtel Kurhaus et anglais de l'Hôtel Mont-Collon parcourant des kilomètres et des kilomètres à pied dans les montagnes d'Arolla usent leurs souliers. D'ailleurs, déjà au XIXème siècle des cordonniers étaient engagés pour l'été par ces hôteliers. | ||
En 1925, Jean Chevrier, jeune cordonnier des Haudères, se voit proposer par Mme Selz du Grand Hôtel Kurhaus la mise à disposition de ses talons et talents au service de ces marcheurs qui usent leurs chaussures à clous. Après chaque course sur les glaciers et rochers, les clous tordus doivent être changés et les semelles rechargées par un travail méticuleux: un clou mal placé pouvait percer la semelle et la chaussure perdre de son étanchéité. Comme il n'a pas de terrain à Arolla, Mme Selz lui met à disposition (avec promesse de vente) une parcelle qu'elle possède au milieu du village où il construit – à proximité de la Poste - un atelier pour y réparer mais aussi fabriquer des chaussures de montagne... |
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Notre bon cordonnier commence donc à officier tous les étés dans sa cordonnerie d'Arolla, de juin à septembre, humant le fumet qui s'échappe des fourneaux de l'hôtel de la Poste, où cuisine une certaine Marguerite... Chaque automne il regagnera son atelier des Haudères, sans oublier de descendre jusqu'à Sion y trouver Mme Selz pour s'acquitter des frais de location de sa parcelle en lui offrant un pot de miel ou une tomme. En 1928, il décroche une reconnaissance de son talent en une médaille d'argent à l'exposition cantonale de Sierre. |
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1927, Marguerite, fille d'Antoine Follonier et de Marguerite Pralong, cuisine avec expérience pour les clients de l'hôtel de la Poste, ancien mayen de la cure acheté et transformé par son père en 1896. Son expérience, elle la doit à ces longs séjours passés àl'étranger, dans les cuisines d'un hôtel de Genève, puis de Montreux, et enfin dans une cantine de chantier à Crans-Montana où elle sera draftée par Pierre-Auguste Bonvin, père du petit Roger futur président de la Confédération, qui l'engage comme dame de compagnie, titre donné autrefois éàla fille au pair d'aujourd'hui. Marguerite cuisine. Sensible au charme de ce beau cordonnier qui vit de l'autre côté du chemin. Marguerite se demande si elle n'as pas mal aux pieds... |
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31 octobre 1929, Marguerite épouse Jean, et tant pis si maman grimace un brin. Son cordonnier n'est pas riche, mais il est honnête et travailleur. Ils s'aiment et le coeur a toutes les raisons que le mariage de raison n'aura jamais. De cette union naît en 1931 une petite fille, qui décède malheureusement l'année suivante. En 1933, une deuxiéme fille, Odette, voit le jour. Deux ans plus tard, un premier fils, Jean, s'invite à la fête. Jusqu'en 1938, ils monteront chaque été ensemble dans leur petit paradis d'Arolla, Marguerite aux fourneaux de l'hôtel, Jean derrière son établi, les enfants sous la bonne garde d'une demoiselle de compagnie, dans les bras de grand-mère ou sur les genoux de grand-père. |
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Le 1er août 1938, au Chalet de la Croix, Marguerite donne naissance à Cécile. | ||
1939. A Arolla, comme partout ailleurs, le ciel se noircit. Le bruit des bottes résonne dans toute l'Europe. Les voyageurs étrangers ne voyagent plus, ou alors avec armes, casques et bannières. Jean, Marguerite et les enfants ne prendront pas le chemin d'Arolla cette année, ni l'an prochain, ni l'année d'après, ni la suivante, ni... 1940. Les Haudères, naissance de Camille, deuxième fils Chevrier, et décès de la grand-mère Follonier. 1942. Frappé par la poliomyélite étant enfant, Jean, égé aujourd'hui de 41 ans, ressent une grande fatigue, une faiblesse musculaire progressive, des douleurs articulaires et souffre de problèmes cardiaques: le syndrome post-poliomyélite toucherait un survivant sur deux, trente à quarante ans après la phase aigue de la maladie, alors que leur état général est depuis longtemps stabilisé. La santé de Jean vacille, son coeur péclote, la guerre déchire l'Europe. Alexandre, jeune italien, est engagé afin d'aider le cordonnier malade à honorer les commandes passées à son atelier des Haudères. Les enfants sont impressionnés : chaque fois qu'un gros avion passe dans le ciel, Alexandre tremble et son regard se remplit de panique... |
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1945. La guerre est finie. Alexandre est rentré chez lui. Jean a gagné la sienne. Mais patatra... Marguerite fait une vilaine chute de 2 mètres en dégringolant d'un grenier. La colonne vertébrale est touchée. Les 69 jours qui suivront, elle les passera couchée sur une planche à l'hôpital. La cordonnerie d'Arolla devra malheureusement encore attendre avant de retrouver son artisan... Marguerite se relève. En 1946 naît Emile, petit dernier de la famille. Les affaires reprennent. L'armée a besoin de souliers. Jean décroche un contrat et embauche. Jusqu'à 5 ouvriers et apprentis à l'année oeuvreront dans son atelier des Haudères, dont son ami Maurice Anzévui, père d'une famille nombreuse et en difficulté: la partie habitable de l'atelier d'Arolla sera mis à sa disposition afin qu'il puisse y loger femme et enfants durant l'été. |
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1947. Jean reprend ENFIN le chemin d'Arolla. Odette, âgée de 14 ans, l'accompagne. La cordonnerie des Haudères tourne à plein régime. Marguerite gère. Afin que nos deux alpéateurs ne manquent ni de nourriture ni de matériel durant leur saison estivale, Cécile, 9 ans, est chargée du ravitaillement. Assise sur son mulet avec pour consigne de ne pas en descendre avant son arrivée à Arolla, elle assurera la logistique par de multiples aller-retour entre Les Haudères et Arolla durant plusieurs années. A la question vaut-il vraiment la peine d'alper 3 mois? , notre bon cordonnier de répondre qu'à Arolla lui donne tout ce dont il a besoin pour élever ses cinq enfants: du pain pour toute l'année. Avec le beurre qui va dessus. |
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En 1948, spécialisé en chaussures de sport et souliers orthopédiques, Jean Chevrier décroche la médaille d'or à l'exposition internationale de Paris. Une année plus tard, il reçoit le prix d'excellence à l'exposition internationale de Londres. Au début des années 50, le travail se fait à nouveau plus rare. Jean approche un responsable de l'entreprise qui oeuvre aux percements des galeries du chantier de la Grande-Dixence. Ce dernier avoue que les mineurs ont les pieds mouillés et que des guètres seraient les bienvenues. Jean s'engage à lui en fabriquer. Des centaines de paires de "couvre-chaussures Chevrier" sortiront de ses ateliers des Haudères en quelques années, permettant au cordonnier de garder ses employés et à la petite entreprise de ne pas connaître la crise. |
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Novembre 1950, la famille Chevrier se retrouve en page 20 et 21 du Woman's Day, magazine féminin américain qui couvre des sujets tels que la maison, la nourriture, la nutrition, la forme physique, l'attractivité physique et la mode. L'artiste Miriam Troop revient sur son séjour aux Haudères et sa rencontre par l'entremise de la sage-femme locale de la famille Chevrier (la sage-femme étant une soeur de Madame Chevrier): "Papa Chevrier est le cordonnier du village - un grand homme à l'air sévère et aux grandes moustaches noires." On y apprendra en lisant les légendes des illustrations de l'auteure que le poêle de la maison Chevrier était une très bonne place pour étudier, que Cécile était très fière de son chapeau noir et qu'elle et son frère Jean faisaient leurs devoirs!!! | |
1952, Jean est élu conseiller communal. Durant son unique mandat, il sera question de la future réalisation d'une nouvelle route reliant Les Haudères à Arolla, route qui remplacera le chemin muletier devenu carrossable depuis le début des chantiers de Grande-Dixence. Malgré son engagement, le projet de tunnel sous les Veisivis reliant Satarma aux Haudères sera enterré.1955. Les habitants des Haudères veulent construire une laiterie de village. Jean est nommé président de cette nouvelle société. Il se met immédiatement en rapport avec la station d'agriculture de Châteauneuf pour obtenir un subventionnement. Avec un peu d'inquiétude, on commence alors à parler de laiterie centrale. Avec son dynamisme habituel et n'allant pas par quatre chemins, le conseiller-cordonnier-président convie les futurs sociétaires à une promenade qui les amène à St-Martin. Les résultats sont concluants et l'enthousiasme collectif endosse les soucis. Avril 56, les travaux commencent. Destinée à centraliser le lait provenant des différents alpages, on compte couler quelque 200 000 litres de lait pendant la saison et y développer la fabrication du fromage à raclette. Le fromager ordinaire s'en est, du reste, allé à Grangeneuve pour parfaire ses connaissances et revenir avec son diplôme de maîtrise fédérale. Le Nouvelliste reviendra le 3 décembre 1958 sur cette intéressante réalisation et félicitera tous les promoteurs, notamment M. Chevrier, qui a vu juste parce qu'il a su voir grand. |
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Dès 1956, Cécile prend la relève d'Odette - qui s'est mariée en 55 - sur l'alpe. S'en suivront pour cette Heidi à la sauce hérensarde huit étés de pur bonheur, tout là-haut au bout du monde. L'hiver, derrière sa machine à tricoter ultra moderne aux Haudères, elle confectionne pulls et bonnets qui seront vendus à l'armée et aux clients d'Arolla. Son grand frère Jean marche déjà sur les traces de son père et est devenu depuis l'an dernier son apprenti. Durant la guerre, Marguerite avait insisté pour acquérir une vache: l'idée de pas pouvoir trouver une seule goutte de lait pour nourrir correctement ses enfants en ces temps d'incertitude l'insupportait. Depuis, le troupeau s'est bien agrandi et comprendra jusqu'à quatre vaches, une génisse et un veau aux bons soins de Cécile sauf durant la période estivale : les vaches à l'alpage d'un côté et Cécile dans son antichambre du paradis de l'autre. |
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1963. Partage de la hoirie Antoine Follonier, décédé en 1948. il n'y a rien pour toi à Arolla. Clair, net, précis. Marguerite et son cordonnier de mari n'obtiendront rien à Arolla - où des grands projets de développement hivernal font beaucoup parler d'eux - hormis leur part de l'hôtel la Poste qui sera rachetée par Francis, son frère, hôtelier depuis la mort du patriarche. Coup dur. Jean est déçu. Il en parle à Mme Selz, lors de sa visite annuelle à Sion. Ne t'inquiète pas, Jean, tu auras ta place. Je te l'ai promise. J'ai beaucoup d'estime pour toi, tu n'auras pas à quitter Arolla... L'horloge tourne... 1964. Marguerite pousse son mari à agir: Dis mio Juan, pour ton terrain d'Arolla, tu ne devrais pas attendre, Mme Selz est âgée, elle pourrait s'en aller rapidement. En septembre, du courage plein ses poches, il descend sur Sion et lui rend visite. Jean, prends-toi un avocat afin de régler cette histoire. Pourquoi pas aujourd'hui ?. Il appelle immédiatement son grand ami Me Crittin qui les rejoint aussitôt. L'affaire est conclue: la parcelle de terrain sur laquelle Jean a construit sa cordonnerie il y a 38 ans lui appartient. Mme Selz décède 6 mois plus tard... |
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Jean n'est pas aveugle. Il voit bien que sa fille Cécile et Arolla ne font qu'un. A l'aide de son fils Camille, devenu architecte, il élabore les plans d'un petit magasin où Cécile, éternelle célibataire qui ne se mariera probablement jamais, pourrait gagner sa vie seule là où elle aime la vivre. Le cousin d'en dessous qui tient - outre sont hôtel - le bazar de la Poste, appuie sa démarche: il fermera boutique une fois celle de Cécile opérationnelle! Huit mètres sur sept, un petit porche pour abriter un congélateur, une petite chambre avec cuisinette, un wc séparé... ...la future épicerie-kiosque-bazar du Rond-Point se dessine. |
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17 mars 1965. Jean dépose sa demande d'autorisation de construire. Si tout se passe bien, l'épicerie sera opérationnelle pour cet été ! Mais?? Voici qu'il découvre qu'il sera exproprié d'une partie de son terrain: une place de parc pour les cars PTT est nécessaire à Arolla et l'employé postal, qui a besoin de cette place pour que l'autorisation de construire son nouveau bâtiment lui soit délivrée, sait exactement - avec l'aval de la commune - où il faut l'aménager ! |
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Le 21 mars, Jean s'y oppose formellement: de quel droit peut-on promettre à ses supérieurs un aménagement sur un terrain qui ne nous appartient pas??? 11 avril, la commune d'Evolène confirme cette promesse à la Direction de l'arrondissement postal de Lausanne. 20 avril, la Direction de l'arrondissement postal de Lausanne demande l'assurance formelle à la commune d'Evolène que la place de stationnement des cars postaux sera aménagée selon le plan qu'il joint à sa lettre. 27 avril, la commune d'Evolène dans sa réponse de préciser qu'elle a sollicité une vision locale dans le but de rendre service à M. Jean Chevrier. Selon les plans qu'il a soumis dans sa demande d'autorisation de construire, la place de stationnement des cars postaux devrait subir une légère modification à son entrée nord. A leur avis cela ne gênerait en rien le parcage des cars et il semble que, dans ces conditions, il serait regrettable de refuser l'autorisation dont a besoin M. Chevrier pour construire son commerce. Toutefois, si vous ne pouviez partager notre point de vue, si vous maintenez vos exigences, nous ne reviendrons pas sur notre promesse et aménagerons la place de stationnement conformément à votre plan. |
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Le 3 mai, une convocation à une vision locale est envoyée par la commune aux intéressés en courrier recommandé. Selon le point 5 du procès verbal de cette séance qui a eu lieu le 5 mai à 11h00 et rédigé par les Département des travaux publics du Canton du Valais: L'implantation de la nouvelle construction Chevrier sera faite par le voyer en présence de représentants de la commune. Si cette implantation n'était pas respectée, l'autorisation de construire doit être refusée. |
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Jean contacte son avocat et le charge de ses intérêts. Le 13 mai, l'Etude Max Crittin écrit au Département des travaux publics. En voici quelques extraits: Par lettre recommandée du 21 mars 1965, M. Chevrier a fait part à l'administration communale d'Evolène de son opposition motivée au projet de l'implantation de places de parc réservées aux cars PTT sur son terrain. Il est bien entendu que M. Chevrier la maintient... Quant à la position prise par la commune dans sa lettre du 27 avril 1965, je constate que l'administration communale anticipe quelque peu en disant que la commune ne reviendra pas sur sa promesse et aménagera la place de stationnement conformément au plan des Postes. La commune ne saurait décider ni entreprendre quoi que ce soit avant la fin de l'enquête et l'autorisation du département. On doit observer aussi que les plans ne sont pas mis à l'enquête au nom des postes qui ont tout au plus donné à ces plans un visa personnel. La commune dit qu'elle aménagera la place, alors que l'enquête fait suite à une demande d'un particulier. Il s'agit donc d'une place privée 14 mai, l'Hôtel de la Poste, qui soutient Jean, écrit à la Direction des postes: Monsieur le directeur. Je me permets de réitérer mon offre du 22 mai 1964. Le raccordement de la route d'Arolla reliant le centre de la station est en chantier. Cette voie de communication vous est d'un réel intérêt pour le nouveau bureau postal et la place de parc réservée aux cars postaux. De ce fait, je suis disposé à vous céder gratuitement le terrain situé au sud du bureau actuel pour les emplacements mentionnés plus haut. Antoine Follonier. |
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20 mai, la commune se justifie auprès de Me Crittin. L'examen des demandes présentées par M. Jean Chevrier tendant à obtenir l'autorisation d'agrandir l'atelier existant et de construire un nouveau bâtiment a été retardé par l'opposition que lui-même a formulée le 31.3.65 contre la place de parc que la commune doit aménager à l'usage des cars postaux. La lettre de M. Chevrier postulait une vision locale qui ne pouvait avoir lieu tant que la couche de neige était trop forte. Malgré les apparences, la commune déclare qu'elle n'a pas à se prononcer sur le choix de l'emplacement de la nouvelle poste, par contre, nous ne comprenons pas pourquoi la place offerte par M. Follonier ne pourrait pas servir à la construction du bâtiment de M. Chevrier. Nous le comprenons d'autant moins que la famille Chevrier est copropriétaire de ce terrain au même titre que M. Antoine Follonier. La commune reproche à M. Jean Chevrier ne ne pas avoir été présent à la séance du 5 mai. Les représentants de la direction des postes s'étaient déplacés de Berne et de Lausanne, ceux de l'Etat étaient venus de Sion, tandis que M. Chevrier n'avait pas pris la peine de se déranger, ni de s'excuser.La commune reconnaît néanmoins qu'elle a promis, et ce dès le début de la construction du raccordement de la poste d'Arolla à la route des Haudères, d'aménager à ses frais une place de parc pour les cars postaux, mais apparemment M. Chevrier exige, selon son fils, d'avoir encore suffisamment de place pour faire un étalage devant l'entrée. S'il ne consultait que son intérêt, il construirait certainement sur l'une des autres places dont il peut disposer, à l'est ou à l'ouest, plutôt qu'à l'intérieur du coude de la route. |
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26 mai. midi, Aux Haudères Jean reçoit une convocation de la commune d'Evolène datée du 25 mai pour une séance où l'implantation de la construction qu'il projette à Arolla sera établie. Rendez-vous sur place le 26 mai à 10h15. La commune serait-elle trop confiante en l'infaillibilité des services de distribution de la Poste pour envoyer une convocation importante la veille de celle-ci? Elle ne perdra toutefois pas une seule seconde pour rédiger une missive à l'état du Valais et l'envoyer le jour même. C'est bien connu, les absents ont toujours tort. Extrait: Monsieur le Président, Messieurs les Conseillers d'état, Afin de parachever la construction de la route destinée à relier le bureau de poste d'Arolla à la route des Haudères, il est indispensable d'aménager une place de stationnement pour les autocars postaux. Son emplacement a été déterminé d'entente avec la Direction générale des postes et le Département cantonal des Travaux publics et elle doit être construite partie sur terrain communal et partie sur une parcelle que M. Jean Chevrier, cordonnier aux Haudères, a achetée en septembre dernier. Aucune entente n'ayant pu être réalisée avec l'acquéreur, nous devons prier de bien vouloir nous autoriser à exproprier, avec prise de possession immédiate, le terrain nécessaire à l'aménagement de cette place. |
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30 mai, M. Chevrier se défend. Conspiration? Extrait de sa lettre adressée la commune via l'Etude de Max Crittin:
Ma lettre du 21.3.65 adressée à la commune d'Evolène ne stipule en aucun cas une vision locale. Il s'agit de l'opposition pur et simple de construire une place de parc sur mon terrain; projet de construction déposé par un privé. |
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2 juin, lettre du Département des travaux publics de l'état du Valais à Jean Chevrier: Conformément à l'entretien que MM. Pellissier et Vernay ont eu avec votre fils le 1.6.65, nous vous remettons, sous ce pli, le plan d'exécution d'une place de parc pour autocars postaux à Arolla. Ce plan comprend les limites de construction, limites déterminées par la sécurité routière. Vu la demande d'expropriation de la commune d'Evolène, nous vous accordons un délai de 10 jours dès réception de la présente pour nous faire part de vos objections éventuelles à l'encontre de ce projet. Passé cette date, le Conseil d'état statuera sur la demande de la commune. 11 juin, Jean répond au Département des travaux publics de l'état du Valais. Leur lettre ne présente pour sa part aucune objection et le nouveau plan proposé par M. Vernay lui convient: il cède donc une petite part de son terrain en compensation d'une parcelle située au sud-est de son ancien bâtiment. Affaire classée. L'autorisation de construire lui est enfin délivrée. |
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Fin juin. La saison d'été semble bien compromise. Le bétail alpé à Pra-Gras pour la saison, Jean, Marguerite, Cécile et Emile s'installent à Arolla. Ils logeront à l'ancienne douane. Au Rond-Point, le chantier du siècle commence. | ||
Une entreprise de Sion est à l'oeuvre. Emile fait partie des ouvriers. On y retrouve également Jean Favre et un certain Fernand. Première et délicate étape, la réorientation de la cordonnerie. Un cric à chaque angle, la structure en bois est hissée. Le bois craque son mécontentement, mais tient bon: une dalle en béton, légèrement décalée vers le nord, est coulée. Une fois celle-ci prête à accueillir l'atelier, on le pose sur des rondins. A la force des bras, toute la structure pivote délicatement dans le sens contraire des aiguille d'une montre avant d'être reposée sur sa nouvelle fondation. L'opération est une réussite: les cordonniers sont peut-être les plus mal chaussés, mais la cordonnerie d'Arolla est fière de sa semelle toute neuve! Côté amont, une nouvelle cuisine, autrefois en pierres, une petite chambre et une salle de bain en maçonnerie complètent l'oeuvre: la famille Chevrier pourra désormais y vivre confortablement! A quatre mètres de là, l'épicerie sort de terre. Autour d'elle, la nouvelle route se dessine. Pierre après pierre, le mur séparant la propriété de Jean et les places de parc destinées aux postes est monté. 20 juillet, les travaux de maçonnerie sont terminés. Les portes, les fenêtres et la charpente ont été posées par Antoine Maître, le mari d'Odette. Malheureusement, ce dernier tombe malade et ne pourra pas assurer la dernière étape: l'agencement intérieur du magasin. Sur le toit, un certain Léon Fauchère, ami politique de Jean, couvre. Cécile, qui durant tout l'été aura fait la navette entre les foins du côté des Haudères et le chantier d'Arolla, le connaît de vue. Pas bavard le bonhomme... |
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21 août 1965, l'épicerie du Rond-Point ouvre.
Le bazar de la Poste ferme comme promis ses portes et une partie de son stock traverse la place. Certains articles sont d'ailleurs encore aujourd'hui disponibles au Rond-Point! 1967. Jean tombe malade. Les soucis vécus en 65 auront eu raison de sa santé:il n'aura jamais digéré les couleuvres cuisinées par le voisinage. Cancer de l'estomac. Aux Haudères, son fils construit sur l'emplacement de l'ancien atelier un immeuble d'habitation: le Tilleul. Le rez-de-chaussée sera consacré à un nouvel atelier qui fera aussi office de magasin de sport: le tourisme hivernal est en plein essor. Il paraîtrait qu'à Arolla, un téléski sera prêt pour la prochaine saison d'hiver... |
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Nouvelliste du 2 janvier 1968: Affluence à Arolla. La saison d'hiver a bien débuté dans la station après s'être fait attendre pendant une quinzaine de jours. La route conduisant au village étant ouverte en permanence, les hôtes suisses et étrangers (Français et Belges en majeure partie) ont afflué, prenant littéralement d'assaut toutes les places encore disponibles. Les récentes chutes de neige ont encore amélioré les pistes et les touristes de tous genres peuvent maintenant s'en donner à coeur joie. A Arolla, le tourisme hivernal est né et l'avenir de la petite station est rempli de promesses. Jean et Marguerite vendent leur bétail et s'y installent définitivement dès le printemps. |
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L'épicerie du Rond-Point sera dorénavant ouverte toute l'année. Afin de pouvoir servir au mieux la clientèle non francophone, Cécile, qui a revu ce Léon d'Evolène lors d'un meeting politique du côté de Saxon, s'en va à la fin de l'automne travailler chez un poissonnier de la ville de Berne pour y apprendre l'allemand fédéral. Nouvelliste du 4 février 1969: Hier, dans la matinée, se transmettait la douloureuse nouvelle du décès de M. Jean Chevrier. Agé de 68 ans, la maladie a eu finalement raison de sa volonté et de son courage. Bien que son départ nous cause un profond chagrin et une grande amertume, il a bien fallu nous soumettre aux desseins du Créateur. | ||
Issu d'un milieu très modeste et perdant très vite son papa, il a dû, tout jeune, se mettre à la tâche pour assurer le nécessaire à sa famille et choisit de devenir cordonnier. C'est hors de sa commune et dans des conditions difficiles qu'il fit son apprentissage. Puis, il s'établit aux Haudères où il exerça son métier durant plus de cinquante ans. Il voua toutes ses connaissances à la formation de jeunes qui, plus tard, ont excellé dans leur profession. Le maître-cordonnier aimait le travail bien fait, ce qui lui a valu de nombreux prix, tant en suisse qu'à l'étranger. Appelé au conseil communal, il fait partie de plusieurs commissions communales et villageoises. La construction et l'exploitation de la Laiterie centrale des Haudères-Evolène trouva en lui un fondateur et un président très compétents. C'est un homme juste et droit, chez qui personne ne s'est vu refuser aide ou conseil que perd le village des Haudères. |
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Malgré une intense activité professionnelle et publique, le défunt n'en négligea pas moins son rôle d'époux et de pére. Ses cinq enfants, marqués par son esprit profondément chrétien et au contact d'une vie toute remplie de dévouement et de travail, ont obtenu une excellente situation. Que son épouse, qui a été son plus sûr appui, ses enfants et ses proches trouvent, ici, l'expression de nos sincères condoléances. Jean sera le dernier cordonnier à avoir fabriqué des chaussures sur la commune d'Evolène. | ||
1969. De retour de Berne avec dans sa valise la certitude de ne plus avoir envie d'y retourner, Cécile la pose définitivement au Rond-Point, tout au fond d'une armoire fermée à double tour: sa vie est ici, avec Marguerite et Emile, et l'épicerie. Son épicerie. Et le souvenir du cordonnier. Et Léon? Ahhh Léon. Beau, grand, fort, sportif, élégant, ce charmant Léon lui plaît bien. Cécile revoit Léon. Cécile fréquent Léon. Léon par ci, et Léon par là, mais... les sirènes canadiennes chantent fort dans la vallée. Il paraît que là-bas, c'est super, selon témoignages de quelques jeunes copains évolénards qui ont déjà traversé. Tentant pour un Léon que l'exil - ayant déjà vécu en France avec sa famille autrefois, lorsqu'il était enfant - n'effraie pas. Soit. Grand bien lui fasse, le Canada se fera sans elle et Arolla sans lui. Simple comme bonjour. Sauf que Léon aime Cécile: Arolla 1 - Canada 0. |
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1970. Soirée du 2 février. Tempête de neige. Aucune nouvelle de Cécile partie en plaine ce matin pour une expo avec Camille Bournissen. Aucune nouvelle de Camille non plus. Inquiétude générale à Arolla. Coup de fil à la police, coup de fil à l'hôpital, personne ne les a vu, personne ne sait rien… Où sont-ils??? | ||
20h. Camille au volant de sa VW coccinelle passe les Haudères avec ses deux passagers Cécile et Cyrille Pralong, guide et moniteur de ski. Il neige à gros flocons. Aux Farquès, un véhicule s'arête à leur hauteur. Les deux employés de l'usine de pompage leur disent qu'il est inutile de continuer, ils n'arriveront jamais jusqu'en haut. Ils continuent. Juste avant le tunnel, une immense congère leur barre la route. Camille propose à Cécile de la raccompagner aux Haudères. non, non, si vous montez, je monte. Maman est seule à Arolla! - Ok, mais ça va être long tu verras! La coccinelle garée peu avant le pont, nos trois gais lurons continueront à pied, sans lampe, la neige jusqu'aux genoux. L'entrée du tunnel est obstruée. Des coulées ont envahi la route. Il reste néanmoins une ouverture pour y entrer. Camille attache Cécile à sa corde et ils franchissent le passage. Cyrille ferme la marche. A l'autre bout du tunnel, même exercice. S'en suit une longue marche sans fin dans un énorme champ de neige. |
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Flocons énormes, nuit noire. De l'autre cété de la vallée, aux Veisivis, les avalanches déferlent les unes après les autres dans un fracas à glacer le sang . L'angoisse... 22h30, Arolla. Délivrance pour les familles inquiètes, délivrance pour les randonneurs de nuit. Au royaume des fous, les inconscients sont rois. En ce mois de février 1970, la neige n'en finit plus de tomber. Hiver record. Danger d'avalanche maximal. En Valais, des routes sont fermées et des villages coupés du monde. A Arolla, 200 touristes se retrouvent contraints à prolonger leurs vacances suite à une avalanche préventive un peu trop appuyée qui emporte le pont à la sortie de la vallée. Un câble sera tendu entre les deux rives pour assurer le trafic marchandises. Cécile et Marguerite profiteront - jusqu'à la mise en place du pont provisoire fin février - de l'amabilité et la serviabilité de la famille Fabrikant, qui gère le grand Hôtel Kurhaus, et de leurs employés qui assureront avec leur véhicule le ravitaillement quotidien du magasin! |
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13 juin 1970, chapelle du Mont-Collon, Cécile épouse Léon. Le nouveau petit couple s'installe à la cordonnerie chez Marguerite. On y est à l'étroit mais le foyer est chaleureux. Au Rond-Point, Cécile et Marguerite entament leur 5ème saison estivale. Léon quant à lui poursuit sa collaboration avec son cousin et ami - qu'il considère comme un frère - Jean Gaudin, qui possède une entreprise de ferblanterie-appareillage à Evolène. |
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Automne 1970, Camille dessine, Léon tronçonne. De nombreux mélèzes tomberont du côté d'Evolène et des Haudères où Léon et Cécile possèdent plusieurs parcelle de forêt. Du bon gros mélèze pour un nouveau nid qui sera construit sur l'épicerie dès le printemps prochain. Qui dit nid pense oeuf: il se pourrait bien qu'un petit oisillon puisse rejoindre la famille d'ici là. | ||
18 juin 1971. Depuis que le cordonnier est parti, il aura fallu attendre un peu plus de deux ans pour que sorte de son ancien atelier une nouvelle création: Cécile y donne naissance à une petite fille, Marie-Madeleine. Juste à côté, l'épicerie est en chantier. Léon a démonté le toit avec grand soin, et après avoir empilé ses madriers de mélèzes au-dessus du magasin en suivant les plans de Camille, le remonte deux étages plus haut! Le chalet du Rond-Point accueille la nouvelle petite famille le 8 décembre. Marguerite préfère rester tranquille chez elle: mais qu'on se rassure, trois repas par jour y seront cuisinés, mijotés et servis pour toute la smala. Au Rond-Point, on vit en clan. |
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1972. Léon sur les toits d'Evolène avec son ami Jean Gaudin, Cécile et Marguerite au magasin et au landau. Le deuxième étage du chalet achevé, il est mis en location. L'appartement sera occupé à la semaine, au mois et même à la saison par des familles qui choisissent de séjourner à Arolla, petite station moderne connue loin à la ronde. 15 juin 1974. 3 ans, 3 jours et 3 heures après la naissance de sa grande soeur dans la cordonnerie de grand-papa Chevrier, une petite Marguerite éclot à quelques mètres de là, dans le chalet familial: Nicole - qui encore aujourd'hui reste la dernière âme à être née à Arolla. Deux enfants à la maison, grand-maman Marguerite qui courbe sous le poids des années, Cécile qui n'a que 24 heures dans une journée alors qu'il lui en faudrait le double, Léon décide de lâcher son cousin Jean et décline l'offre reçue de reprendre son entreprise. La famille et le Rond-Point avant tout. | ||
Les années folles des seventies. Arolla s'est trouvé sa clientèle, l'épicerie fidèlise la sienne. Les affaires "florissent", les matettes grandissent, Léon et Cécile s'épanouissent, Marguerite veille du coin de la cordonnerie au bonheur du clan. L'épicerie du Rond-Point oeuvrera dès 1975 dans la location de chalets et d'appartements (la colonie les Ecureuils sera bâtie par Léon en 1979). | ||
Les années 70 font place aux années 80. Petite ombre au tableau, l'élaboration de la carte des dangers naturels classe le chalet du Rond-Point en zone rouge (risque d'avalanche élevé). Mais bon, personne n'a jamais vu d'avalanche traverser le village! (rires en coin) Durant quelques années, la famille Fauchère - secrétaire bénévole de la société de développement d'Arolla - expédiera à travers la Suisse et au-delà des centaines de prospectus et feuilles volantes polycopiées au son du "jglong" les soirs dans leur cuisine. Fait notable, les cars postaux semblent déjà bouder l'emplacement aménagé pour eux devant le chalet. Trop loin du guichet postal? Trop près de l'épicerie??? (rires en recoin). Rires en Rond-Point, royaume de la bonne humeur! |
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1986. Nouveau départ pour le petit commerce de proximité: les magasins Végé deviennent des magasins Famila. Changement d'enseigne au Rond-Point, mais aucune suppression d'emploi: le rayon bonbons reste sous la responsabilité de Marguerite, qui du haut de ses 84 ans, fait encore quelques apparitions sporadiques derrière le comptoir, toujours avec le sourire! |
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1987. Le succès de l'épicerie attise les convoitises. Il y aurait de l'argent à se faire dans l'alimentaire. Une nouvelle épicerie ouvre ses portes à Arolla, de l'autre côté de la place. La concurrence sera rude et les pronostics vont bon train: le Rond-Point sera fermé d'ici la fin de l'année... Malgré les prix cassés et les campagnes d'affichage agressives dans les immeubles et parkings de la vallée pratiqués par cette nouvelle enseigne affiliée à la Source, Cécile et Léon tiendront la barre en pouvant compter sur la fidélité et la sympathie de leur clientèle: la confiance gagnée au fil des ans grâce à la qualité des produits proposés et la tradition d'un service impeccable permettront au Rond-Point de résister à la déferlante et de garder le cap dans la tempête. | ||
1989. Le Rond-Point est toujours ouvert. Nicole rejoint sa soeur à Sion. Etudes. Mais Arolla n'est jamais bien loin. Les mercredis après-midi, les samedis et dimanches, Léon véhicule ses filles, allergique à l'idée de savoir ses deux Heidi malheureuses entre les murs de la grande ville, loin de leurs montagnes. 8 février 1990. A Arolla, entourée de sa chère famille, dans la cordonnerie bâtie par son cher Jean il y a fort longtemps déjà, Marguerite s'endort pour le rejoindre dans sa 88ème année. |
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1991. Sion. Nicole rencontre Christophe. Drôle d'hurluberlu que ce bonhomme de 19 ans qui ne parle que de voyages, de grand nord, d'aventures. La soirée, chapeautée par la grande soeur d'Arolla et une cousine de ce jeune homme qui préparent ensemble leurs prochaines vacances, est emprunte de petits bonheurs complices mais insaisissables... Une amitié s'immiscera en douceur, rendez-vous après rendez-vous, se chargeant d'étouffer du mieux qu'elle pourra un sentiment... plus mystérieux. Mais bon. Pour l'instant, la vie est bien trop jeune pour être sérieuse et l'horizon bien trop vaste pour être snobé... | ||
1992. Pour réaffirmer face à Migros et Coop, les magasins d'alimentation Usego, Mon Amigo et Famila annoncent qu'ils prendront les noms de Primo et Vis-à-vis. Troisième changement d'enseigne pour le Rond-Point qui devient de facto vis-à-vis.En Juin, Léon, dont la santé décline, est hospitalisé pour une intervention chirurgicale. Cécile se retrouve seule au front. Marguerite n'est plus là, les filles sont à Sion, mais toujours prêtes à donner un coup de main lorsqu'elles sont dans le coin du Rond-Point. 1993. Val d'Hérens. Nicole revoit Christophe. Furtivement. Les petits bonheurs complices mais insaisissables sont alentours, mais leurs vies sont ailleurs : il marche seul dans le nord jusqu'à s'échouer sur une île de glace et de feu. Dommage. Une petite flamme survivra toutefois, par l'intérim de lettres et de cartes postales. |
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Deux ans plus tard. Sierre. Christophe revoit Nicole. En courant d'air. Les petits bonheurs complices mais insaisissables sont alentours, mais leurs vies sont à des années lumières: elle est en couple, il marche seul dans le nord jusqu'à s'échouer encore plus loin, sur une plage d'accents chantants, de poutines et de sirop d'érable. Dommage. De petites braises survivront toutefois, par l'intérim d'autres lettres et de nouvelles cartes postales. 1998. Les échanges épistolaires entre l'ici de la belle et le trop loin de l'hurluberlu s'intensifient. Se précisent. Leurs vies s'entremêlent. Des portes et des fenêtres s'ouvrent. Il faudra se revoir. Il faut se revoir. 1999. Janvier. Satarma. Croisée des chemins. Christophe revoit Nicole. Nicole revoit Christophe. Les petits bonheurs insaisissables se saisissent. Le soleil se couche sur la ligne d'horizon. L'Atlantique, vaincu, séparera néanmoins une dernière fois les tourtereaux. | ||
1999. Février. Montréal. Téléjournal de Radio-Canada. Images d'avalanches meurtrières dans les Alpes, dont Evolène. Le petit village d'Arolla serait coupé du monde. Allo ? Allo? 1999. Février. Arolla. Route fermée. Les avalanches ont tout embarqué. Black out. Il neige sans fin. Un vent de panique souffle sur la station où une grande partie des immeubles sont évacués: il y aurait eu des victimes à Evolène... Léon, Cécile, Marie-Madeleine et Nicole se réfugient au Chalet les Ecureuils non pas qu'ils craignent pour leur vie au Rond-Point, mais la maison leur offre la possibilité de se chauffer au bois et ainsi d'économiser les réserves de carburant nécessaire à la génératrice qui alimente les congélateurs de l'épicerie... Aucune avalanche n'ensevelira le chalet Rond-Point, pourtant situé en zone rouge. Le retour à la normal se fera progressivement. Dès les premières éclaircies, un pont aérien d'hélicoptères baladent les journalistes, ravitaillent le village en essence et évacuent les touristes bloqués depuis plusieurs jours. L'électricité sera rétablie rapidement et la route réouverte. Malgré les formulaires d'aides envoyés par les autorités et dûment remplis et retournés par Léon, aucune manne céleste ne tombera sur le Rond-Point. |
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1999. Avril. Montréal. YUL. L'hurluberlu fraîchement naturalisé à la feuille d'érable accueille sa belle dans son antre. | ||
1999. Avril. La belle se laisse porter. Loin. Très loin. Jusque dans la ville qui ne dort jamais. Haut. Très haut. Jusqu'au sommet de l'Empire State Building. Libres. Libres et fous tel deux âmes soeurs qui se dressent avec arrogance en tours jumelles jusqu'au ciel, guidées par le flambeau de la Liberté. La grande pomme est croquée. YUL, AMS, GVA. Les deux tourtereaux volent de concert et ne reviendront sur terre qu'une fois gagné le petit paradis douillet que l'ancienne cordonnerie d'Arolla leur offre. Arolla 2. Canada 0. 1999. Juin. Christophe commence sa 11ème vie en tant que serveur à l'Hôtel Mont-Collon. Nicole, aide-familiale, poursuit ses visites à domicile chez les gens nécessiteux de la vallée. | ||
1999. Décembre. Léon et Cécile ne sont plus tout jeunes et l'âge d'une retraite méritée se profile. L'épicerie du Rond-Point cherche bras jeunes, forces vives, souffle nouveau et bel enthousiasme. Nicole et Christophe sont-ils intéressés? Sauront-ils relever le défi d'une vie de bohême au gré des saisons? Trouveront-ils la force et le courage caractéristiques des générations d'antan pour vivre une aventure qui tangue au rythme du temps, bon an mal an? L'ouragan Lothar secoue violemment la cordonnerie mais la décision est prise et le vent ne l'emportera pas: Nicole a quitté son emploi et passera les 12 prochains mois en mode apprentissage derrière le comptoir de la petite épicerie. Christophe entame sa deuxième saison à l'Hôtel du Mont-Collon, tout en mettant à contribution ses bras les mardis, jours de grandes livraisons. |
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2000. Juin. Le 17. Nicole épouse Christophe. Et inversement. Le marié passera une troisième et dernière saison à l'Hôtel Mont-Collon avant de rejoindre la mariée à bord du vaisseau du Rond-Point. | ||
2000. Décembre. Le 1er. Pour Cécile et Léon, youpie, vive la retraite! Les deux jeunes moussaillons prennent la barre et tous les conseils précieux et bienvenus de Cécile: 35 ans d'expérience au service de la clientèle, ça n'a pas de prix. Le transition se fait en douceur. Les clients inquiets de ce changement de régime et sensibles à la survie de l'âme du Rond-Point seront vite rassurés. Malgré le coup de jeune, la tradition et la qualité du service sont respectées. La clientèle, charmée par ce sympathique renouveau, garde intacte sa confiance et accueille avec bienveillance cette nouvelle génération débordante de dynamisme. Jusqu'ici, Deutch war auch gesprochen, mais avec la dream team next generation, english will also be spoken in Rond-Point. Et ça, ça n'a pas de prix non plus! |
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2001. L'entrée de l'épicerie dans sa nouvelle ère est un succès. Les jeunes sont passionnés. Dans cet univers fait des boîtes de thon & raviolis, de poireaux & bananes, de biscuits & chocolats, de pains & saucisses, de marmottes & boule à neige, de journaux & cartes postales, de vins & fromage et autres spécialités locales, le climat est chaleureux et le contact humain enrichissant. La maîtrise de l'anglais est incontestablement l'atout marketing majeur de l'année: de nouveaux clients, grappillés ça et là franchissent la porte et sont séduits par l'assortiment proposé et les prix étiquetés. L'avenir s'annonce pas pire pantoute. Le nouveau staff nourrit déjà quelques petits projets ambitieux. Priorité absolue, repousser les murs et donner au Rond-Point plus d'air, plus d'espace et encore plus de convivialité. Et un logo. Le Rond-Point du nouveau millénaire prépare sa révolution. | ||
2001. Septembre. Léon n'aime pas aller chez le médecin. Depuis son opération à coeur ouvert en 1997, opération ayant nécessité une longue hospitalisation en chambre double en compagnie d'un staphylocoque doré, le monde médical, il évite. Ce matin du 5, il n'ira pas à son rendez-vous. L'intervention du 144 n'y changera rien. L'hélicoptère repartira sans lui. Dans le chalet du Rond-Point, on y naît et on y meurt. |
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2001. Octobre. Le 31. Certaines mauvaises langues diront que Sitôt Léon parti, le beau-fils en profite pour tout casser. La décision de tout casser étant antidatée à son départ, c'est avec l'appui de Cécile, l'aide d'une scie circulaire géante, les coups de masses et caresses de truelles appliqués par deux tontons flingueurs et la participation d'un transporteur local que les révolutionnaires font voler poussières et tomber une partie du mur séparant le dépôt - qui devait à l'origine être le studio de Cécile - de l'ancien magasin. |
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Le frigo, l'étagère des soupes, un nouveau congélateur et les marchandises de première nécessité passent au sud. Le comptoir passe à l'est pour faire face à l'entrée, aux fruits et légumes, bières, chocolats et autres gourmandises et douceurs avinées. Un coup de peinture, un coup d'aspirateur, un coup de panosse et hop, le nouveau magasin du Rond-Point - resté ouvert durant toute la durée des travaux - devrait être prêt juste à temps pour son baptême du feu, à Noël. |
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Décembre. L'épicerie-kiosque-bazar Clivaz Nicole et Christophe est officiellement inscrite au registre du commerce en tant que société en nom collectif. Les cartes de crédit Visa et MasterCard sont enfin acceptées. Toutes les informations utiles sur l'épicerie, la colonie Les Ecureuils - gérée par Marie-Madeleine - et autres chalets à louer par Cécile sont disponibles en ligne sur le nouveau site internet www.arolla-bazar.ch! Impressionnée, un peu désorientée, la clientèle est sous le charme de ce nouvel espace accueillant qui aura voulu garder son cachet d'autrefois tout en étant résolument tourné vers l'avenir! | ||
2002. Année riche en émotions Janvier. Après les cartes de crédit, les pièces et les billets en euros qui viennent d'être introduits dans douze états européens sont à leur tour bienvenus au Rond-Point. Les affaires roulent. Le nouvel agencement fait sensation. Les vacanciers d'Arolla qui ignoraient les bienfaits et délices de l'épicerie sont conquisé et fidélisés! Lors des heures de rush, l'attente é la caisse se transforme en explorations et découvertes. Les paniers jaunes se remplissent, les fins de mois s'arrondissent, tout comme le ventre de l'épicière... Y'aurait-il une embauche de petit personnel du côté de la cordonnerie d'ici l'été prochain? |
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Mi mars. Au feu, au feu! L'hôtel brûle, au feu! De l'autre côté de la place, des flammes déchirent l'obscurité en dévorant une toiture. Des pompiers arrivés rapidement sur place arrosent, arrosent, arrosent. Au petit matin, quelques fumées blanches s'échappent encore du toit béant. Aucun blessé mais dégâts d'eau importants sur tout le bâtiment, dont l'épicerie dépendante de l'hôtel. Une partie du stock en chocolat sera racheté par le Rond-Point qui réalisera une étude de marché exceptionnelle et bénéficiera d'un coup de pouce marketing inespéré: De mars à décembre, tous les chemins mèneront au Rond-Point, nouvellement transformé, pour le plaisir de tous... ...ou presque. |
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Mai. Neuf mois que Léon est parti. Le ventre de Nicole qui bouge qui frappe qui cogne. Cécile imagine déjà la future petite famille bien serrée dans l'étroite cordonnerie alors que sa maison est devenue trop grande. Les jeunes, envahissez l'étage du haut et repoussez les murs. Remplissez le chalet de cris d'enfant, de planchers qui craquent et de portes qui claquent . | ||
Juin. Des plans d'agrandissement du chalet, dessinés par Christophe sous l'oeil aiguisé de Camille, sont mis à l'enquête publique. Aucune opposition. 27 juillet. Sion. Le département des ressources humaines de l'épicerie engage un nouveau-né. Un contrat à durée indéterminée est paraphé d'une empreinte de pied. Le 1er août, jour anniversaire de Cécile, la petite cordonnerie familiale recouverte d'une pellicule de neige fraîche souhaite la bienvenue à Arolla au petit Alexandre. Novembre. C'est non. Le projet d'agrandissement du chalet a été refusé par l'état du Valais. Motifs divers. Zone forêt, zone agricole, zone avalanche, paysage! L'histoire se répète. Il va falloir se battre. A nouveau. Il faut un pourfendeur. Cécile mandate Me Alain Cottagnoud pour défendre les intérêts du clan. |
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2003. Après moulte échanges de verbes et courriers, Me Cottagnoud obtient de la Commission Cantonale des Constructions une vision locale. Celle-ci se déroule le 2 avril, sous la neige, entre la cordonnerie et le chalet du Rond-Point, en pleine zone agricole! MM Pitteloud et Zufferey, accompagnés par M. Wuilloud, chef du Service cantonal des dangers naturels, ne lâchent rien. Le chalet est situé en zone rouge. Aucune construction ni modification de l'existant ne sera autorisée. Point. Mais Lorsque que M. Pitteloud s'enquiert de savoir où vit actuellement la famille Clivaz et que la réponse à sa question est derrière lui, en bois et briques, en pleine zone rouge, agricole, forêt et tutti quanti, la table des négociations est dressée. De ce bras de fer, il en ressortira que le projet initial devra être revu à la baisse Un étage au-dessus du niveau de la route seulement. Soumettez-nous de nouveaux plans respectant nos différents points et l'autorisation vous sera délivrée. L'autorisation de construire sollicitée pour transformer et agrandir le chalet du Rond-Point est accordée le 25 juillet. Les parois situées face à l'avalanche seront exécutées en béton armé et résisteront à une poussée de neige de 5.0 to/m2. Les dalles entre les étages résisteront à une poussée de 3.0 to/m2. Le bâtiment situé au sud de l'agrandissement proposé sera désaffecté. Il ne pourra plus servir comme bâtiment habitable mais pourra être maintenu comme dépôt. La construction du bunker du Rond-Point va pouvoir commencer... |
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Août. Première phase: L'avant-toit nord de la cordonnerie est raboté, les portes et fenêtres condamnées. Septembre. Deuxième phase: Excavation entre la cordonnerie et l'épicerie afin de couler le nouveau radier au niveau de la chaufferie existante, soit 40cm au-dessous du plancher du magasin. Pas de grosses surprises nécessitant l'utilisation sensible d'explosifs. Un bon petit champ de pierres mais sans rochers. La confection de tartes aux pruneaux ne sera pas entravées par le chantier, l'accès d'origine au chalet est conservé et deviendra cage d'escalier. |
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Avec l'accord de l'état du Valais, la place autrefois réservée aux cars postaux est déclarée zone de chantier. L'entreposage de machines et de matériel sera autorisé pour toute la durée des travaux. Troisième phase: Ground zero. Fidèlement aux plans d'exécutions signés par Camille, ferraillage des fondations du bunker. Le nouveau rez inférieur fera office de dépôt pour le magasin. 11 septembre, première coulée de béton. La construction commence. | ||
15 septembre. Retour au Rond-Point de la scie circulaire géante. Mission: découper le plafond de la chaufferie en quatre parties afin qu'il soit retiré en douceur sans abîmer la chaudière et le tableau électrique. La nouvelle dalle sera réalisée un bon mètre plus haut. Découper également la paroi de la chaufferie afin de créer un passage reliant le bunker à la chaufferie. Une porte donnera accès à la future cage d'escalier. L'épicier n'aura plus à sortir de la maison pour se rendre au boulot! 19 septembre, bétonnage des parois du bunker. La cordonnerie plie mais ne rompt pas. |
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Les travaux de maçonnerie vont bon train. La complexité de la tâche permet de maintenir quotidiennement deux maçons sur le chantier. Ne surtout pas les laisser partir, sans quoi tout retour deviendrait hypothétique et les retards impossible à rattraper avant l'hiver: le chantier doit être hors d'eau avant le froid et la neige. 22 septembre, décoffrage des parois du bunker. Le jour suivant, opération mikado: délestage du plafond de la chaufferie scié en quatre et ouverture du passage la reliant au nouveau dépôt. Il fait beau, il doit faire beau: la chaufferie et le tableau électrique seront à ciel ouvert quelques jours. | ||
25 septembre, ferraillage de la première dalle qui viendra en partie s'encastrer sous le chalet existant, dalle qui sera coulée le lendemain. 1 et 2 octobre. Coffrage, ferraillage et bétonnage des parois du deuxième niveau du bunker. Une semaine et demie plus tard, le mur de brique face est est monté et la deuxième dalle coulée. Le gros oeuvre de maçonnerie est terminé: la boîte de béton armé (38 m2 de béton, soit 87,4 tonnes + 3 tonnes d'acier) est désormais fermée. Deux niveaux à l'épreuve des avalanches et des chutes d'astéroïdes. |
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20 et 21 octobre, il neige. La charpente est posée, le couvreur devrait passer la semaine prochaine. 4 novembre. La paroi sud est isolée et crépie. Mais où sont les menuisiers? Le couvreur devrait passer la semaine prochaine. 11 novembre. Les travaux de peinture en intérieur sont terminés. Mais où sont les menuisiers? Le couvreur devrait passer la semaine prochaine. 18 novembre. Mais où sont les menuisiers? Le couvreur qui devrait passer la semaine prochaine est remercié. Une nouvelle entreprise est mandatée, les travaux de couverture devraient commencer la semaine prochaine. 21 novembre. Mais où sont les menuisiers? La chenaux entre la cordonnerie et la nouvelle construction est enfin posée. Il était temps: à chaque orage, l'ancienne cuisine de la cordonnerie se transformait en piscine couverte. | ||
26 novembre. Mais où sont les menuisiers? Les couvreurs couvrent. 4 décembre. Mais o?ù sont les menuisiers? Le toit et la ferblanterie sont terminés. Il neige. 11 décembre. Mais où étaient les menuisiers? Ils sont là. Les trois fenêtres sont posées et les travaux en intérieur commencent. Au premier, la connexion entre l'existant et le nouveau se fait à coup masse et de tronçonneuse: une paroi est ouverte, l'ouverture de l'ancienne fenêtre est fermée. Dehors, il fait grand beau. 20 décembre. Début des travaux de menuiserie en extérieur. Il fait froid. Il neige. Pas le temps de terminer, Joyeux Noël et bonne année, on se reverra en janvier. Peut-être... |
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2004. Janvier. Mais où sont les menuisiers? Ils réapparaissent à la fin du mois pour la pose de l'isolation et le lamage de la façade est. Février. Travaux de menuiserie en intérieur: pose de la nouvelle cage d'escalier entre le 1er et le 2e étage, tronçonnage d'ouverture dans la paroi en madriers, toute la dynamique interne du chalet est revue et optimisée afin d'offrir deux appartements confortables et autonomes, même si au Rond-Point, on y vit encore et toujours en clan. | ||
Mai. Les anciennes balustrades des balcons ainsi que leur socle et le plancher du du 1er sont débités en bois de chauffage. De nouveaux socles en métal sont hissés, vissés et soudés. La pose de la nouvelle balustrade sera la touche finale du chantier. La maison est terminée. Il est temps de fêter.Joyeux trentenaire, madame l'épicière! | ||
La maison est confortable. L'épicerie nourrit bien son homme et sa petite famille. Le soleil brille. La maison est grande. Il y a une chambre vide. Mais il n'y a pas une chambre de trop. La belle et son hurluberlu ont encore plein de projets. Le plus immédiat sera de meubler et décorer cette chambre et d'y inviter un petit quelqu'un. Ou une petite quelqu'une. Qui semble prendre bien son temps. Tout son temps. Novembre. La belle et son hurluberlu s'évadent. Le tsar Alexandre n'aura qu'à tenir boutique en leur absence. Nevski. Vodka. Balalaïka. Stroganov. Kalinka. Quelques jours d'errance sur les bords de la Neva... Poupée russe? |
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2005. Poupée russe. La belle et l'hurluberlu ont bien ramené quelque chose en fraude de Russie et ce malgré la fouille à corps réalisée par les gentils et gentilles préposé(e)s é la sécurité de l'aéroport de St-Petersbourg. Le ventre s'arrondissant de l'épicière laisse le tsar Alexandre songeur... Du côté de l'épicerie, le Vis-à-Vis, qui a remplacé le Famila qui a remplacé le Végé, a fait son temps. Le store et l'enseigne lumineuse sont personnalisés. Une manière pour le Rond-Point de faire son coming-out et d'afficher son indépendance vis-à-vis de la politique menée par le grossiste qui fournit l'épicerie depuis 1965. Au comptoir, un terminal de paiement remplace le sabot utilisé jusqu'ici pour les transactions réglées via Visa et Mastercard. Outre les cartes de crédit, l'épicerie accepte désormais les cartes de débit Maestro et Postcard. | ||
30 juillet. Sion. Une poupée russe est une figurine qui s'ouvre en deux horizontalement, révélant à l'intérieur une figurine similaire mais de taille plus petite. La poupée la plus grande est le plus souvent une femme vêtue d'une robe traditionnelle et la plus petite un bébé qui ne s'ouvre pas. Le 3 août, peu après l'anniversaire de Cécile, le chalet familial recouvert d'une pellicule de neige fraîche souhaite la bienvenue à Arolla à la petite Amandine. |
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2006. Février. Hurlements de panique devant l'épicerie. Une voiture sans chauffeur parquée sur la place du village s'est mise en mouvement toute seule avant de dévaler la rue principale et de renverser une fillette de 9 ans, l'entraînant sous elle sur quelques mètres jusqu'à s'immobiliser contre une automobile en stationnement. Effroi. 144. Le véhicule sera soulevé avec les moyens du bord, la jeune fille, libérée avec précaution après de longues minutes d'oppression, est prise en charge par un médecin en vacances puis par l'équipe de la maison FXB du sauvetage dépêchée sur place par Air Glacier. L'hélicoptère l'emmènera jusqu'à l'hôpital de Sion pour des examens. Dans la cuisine de Cécile, c'est l'émoi. La famille de la jeune fille est en larmes. ça aurait pu être pire, tellement pire. Le cousin n'a eu le temps du réflexe salvateur que pour deux des trois membres d'une même fratrie. La plus grande, légèrement blessée, aura été protégée par son bob et sa bonne étoile. Elle sera de retour sur les skis trois jours plus tard! | ||
La vie au Rond-Point continue son bonhomme de chemin. On n'y tourne pas en rond. Les enfants poussent Mère-Grand et parents vers l'avant. Le soleil brille sur les montagnes, même si la trancheuse expire, même si la caisse-enregistreuse rend l'âme, même si la balance atteint l'âge limite légal, même si le congélateur vitré souffre de troubles comportementaux... Le soleil brille sur les montagnes, même si quelques irrégularités sont constatées sur les factures de certains créanciers, même si de petites contrariétés naissent suite à la baisse de qualité du service de certains livreurs... Le soleil brille sur les montagnes, au Rond-Point de rester vigilant, de s'adapter et au besoin de se renouveler. |
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2007. L'épicier fait plein de photos. En magasin, il propose déjé quelques cd-rom et un dvd d'images du val d'Arolla. Un regard et une débrouillardise informatique qu'il propose aux instances touristiques pour renouvellement et dynamisation de leurs sites internets. | ||
Le 1er mai, Arolla se multiplie sur la toile! Toutes les données figurant sur les cd-rom et dvd sont mises en ligne. Panoramas interactifs, images d'autrefois, flore, géologie, glaciologie, agenda, infos. Un contenu riche et unique accessible désormais gratuitement à l'adresse arolla.org, site dynamique qui sera complété par un blog un mois plus tard. Parce que ça n'intéressait personne. Parce qu'on est jamais mieux servi que par soi-même. Arolla.org décolle. Nul n'est prophète en son pays mais les amoureux d'Arolla vivant aux quatre coins du monde plébiscitent l'originalité de cette initiative. Le 12 octobre, l'épicier du Rond-Point sourit en page 34 du Nouvelliste qui souligne sa démarche sur toute une demi-page! |
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Décembre. Comme si les fréquentes ruptures de stock lors de ses livraisons n'y suffisaient pas, le grossiste Valrhône impose de nouvelles conditions. Inacceptables pour les petits commerces. La fin d'une longue collaboration: le Rond-Point, qui ne négocie pas avec les terroristes, devient le premier magasin du val d'Hérens à travailler avec la maison Cadar, à Fleurier (NE). | ||
2008. 15 mars. Première commande en provenance de la toute nouvelle boutique en ligne www.shop.arolla.org, boutique offrant une vitrine permettant à l'épicerie d''être ouverte 27 heures sur 24 et 7 jours sur 4! Sur la commune d'Evolène, les petits commerces ferment leurs portes les uns derrière les autres. Aux Haudères, le couple qui avait repris l'épicerie Trovaz jette l'éponge. La quasi totalité du stock, une grande armoire frigorifique et quelques présentoirs et étagères en rab alperont à 2000m où de menus travaux d'adaptation s'avèreront nécessaires. Le Rond-Point gagnera un bon mètre carré de surface de vente supplémentaire! |
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Juin. C'est la fête avant la fête! Surprise party pour Cécile qui fêtera ses 70 ans le 1er août prochain. Tous ses amis ont répondu à l'appel et la surprennent à l'heure de l'apéro! Tous se rejoignent à l'Hôtel de la Poste où le cousin Henri a gracieusement mis à disposition la cuisine et cette superbe salle à manger d'où s'ouvre la plus belle vue sur le val d'Arolla. Vue sur les champs et alpages où Cécile a traîné ses guêtres, vue sur le chalet de la Croix qui l'a vu naître, vue sur le chalet du Rond-Point et son épicerie, vue sur le passé en suivant le regard que posait du coin de l'oeil Marguerite sur la cordonnerie de son Jean, vue sur l'avenir dans les regards croisés et malicieux des petits enfants. Une belle fête. |
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Au Rond-Point, depuis la nuit des temps, on y travaille en famille et avec plaisir. Mais pas que... | ||
Lorsque l'épicerie est fermée, certains soirs, on y joue aussi en famille et avec plaisir! Parce que le jeu d'entreprise permet aux participants de vivre une expérience unique à travers une mise en situation réelle, et notamment un travail en équipes, avec tout ce que cela comporte: répartition des tâches, remise de travaux en urgence, décisions stratégiques communes etc. Au Rond-Point, chaque membre du clan est acteur de premier plan au rez-de-chaussée, et non petit second rôle ou simple spectateur planqué dans les étages! |
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2009. Les cartes postales vendues de temps à autres par le fils moustachu et la miss pompon de l'épicière et de l'épicier lassent. Vétustes, démodées, vieillottes, pas à jour, d'un autre siècle, les critiques vont bon train: les cartes postales classiques ne sont plus au goût du jour et déçoivent. Les clients boudent. En février, un premier prototype de carte postale maison se retrouve sur les présentoirs. On se l'arrache. L'épicier, qui fait plein de photos, n'en demande pas plus. Dès l'été, une cinquantaine de modèles de cartes postales différents seront tirés... et s'arracheront. Le fils moustachu et sa soeur miss pompon sont ravis, même si il faut aller se raser et se démaquiller pour reprendre le chemin de l'école. |
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Novembre. Les propriétaires de logement qui souhaitent louer leur bien tout en restant indépendants n'ont pas bonne presse auprès des instances touristiques officielles. En effet, celles-ci appliquent une politique de discrimination en vue de forcer tous les propriétaires à rejoindre une agence immobilière classique en les sous-représentant. L'épicier, qui a développé - sous le nom de domaine arolla-bazar.ch - une plate-forme en-ligne pour promouvoir les chalets et appartements de la famille, est approché par plusieurs de ces propriétaires mécontents qui souhaitent rester libres et disposer de leur bien comme bon leur semble. La plate-forme s'étoffe et proposera désormais plus d'une vingtaine d'offres de location de « particulier à particulier » dans la région d'Arolla - Les Haudères - Evolène. Une version papier sponsorisée par des acteurs locaux sera également tirée et distribuée par les partenaires intéressés à apporter leur soutien à la démarche ! | ||
2010. Avril. Le 7. L'épicier est de retour tout sourire dans le Nouvelliste. Ses cartes postales maison se vendent mieux que des petits pains. Les éditeurs officiels seront peu à peu abandonnés et l'offre maison de plus en plus étoffée. Toutes les créations se retrouveront désormais en ligne sur www.webpost.arolla.org, sous-domaine d'arolla.org proposant un service d'envoi de cartes postales virtuelles. |
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A 2000m, L'hiver y peut être frette. Surtout derrière de simples vitrages posés en 1965. L'épicier, qui a vécu dans les pays froids, semble s'embourgeoiser. Il va falloir l'isoler de la fricasse qui le courtise derrière ses vitrines. Novembre, les deux petites fenêtres, fermées depuis le bug de l'an 2000, sont condamnées à perpétuité. Quelques briques rouges, du ciment, un mètre carré d'isolation, un chouillas de crépis et de dispersion plus tard, les voilà reléguées au titre de souvenir, les volets avec. Le froid n'a qu'à bien se tenir, il n'entrera plus par ici... Décembre, face nord, les volets sont arrachés et la vitrine explosée. Un nouveau cadre est engagé à soutenir un double-vitrage flambant neuf. Les travaux seront terminés de justesse avant Noël. Le froid n'a qu'à bien se tenir, il n'entrera plus par ici non plus. Les oreilles de l'épicier gagnent 5 degrés. |
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2011. Dans l'épicerie du Rond-Point, les produits locaux, le sourire et la bonne humeur sont disponibles tous les jours à volonté. Pour les pains spéciaux, la viande fraîche, un assortiment de grimaces ou une démonstration de trash attitude, ne pas oublier de passer commande la veille avant 18h00! Vous aurez la joie de retrouver le lendemain dans votre panier, outre votre pain et votre steak, une pompon ou un moustachu en plein apprentissage des valeurs fondamentales de la vie : accueil, amour du travail bien fait, valeur du travail fait avec bonheur, joie et optimisme. Au Rond-Point, on ne rigole pas avec le service et l'humour est une chose prise très au sérieux ! |
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Septembre, la deuxième édition du CollonTrek confirme son statut d'événement populaire. Contrairement aux organisateurs de la Patrouille des Glaciers qui délaissent les petits commerces locaux au profit des grandes chaînes de distribution tout en continuant à promouvoir « l'esprit de la montagne » – le CollonTrek joue la carte de l'authenticité en invitant l'économie locale à participer à la manifestation. Deux poids, deux mesures. |
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2012. Février. L'entreprise de déneigement mandatée par la commune d'Évolène pour le nettoyage du village reproche à l'épicier de garer ses véhicules « chez les autres ». Cet excès de zèle souligné d'hostilité pousse l'épicier à se mettre en règle en présentant une requête à l'État du Valais. Source de la controverse : les places de stationnements devant le magasin, ce même espace qui, en 1965, suscitait déjà la polémique. Avril. Une autorisation d'utilisation du domaine public sera délivrée à l'Épicerie du Rond-Point par l’État du Valais : trois places de parc seront dorénavant réservées à la clientèle, aux fournisseurs et aux habitants du chalet qui se gareront désormais « chez eux », à l'abri de tout grief - ce qui ne sera pas forcément du goût de tout le monde...! |
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Mai. Le mazout, c'est cher et ça sent pas bon. La citerne, d'origine, doit être mise aux normes. C'est cher et ça sent encore moins bon. La chaudière, d'origine, s'efforce de répondre de plus en plus péniblement aux normes environnementales qui l'étranglent au pied du mur. Une météo idéale pour une remise en question du mode de chauffage du chalet ! 18 mai, après le percement de deux trous dans la façade du bunker, un nouveau chantier y voit le jour: la construction d'un mur derrière lequel pourront s'entasser plus de 5 m3 de granulés de bois. La révolution est en marche : bye bye cher fioul domestique, bonjour énergie locale, renouvelable et neutre sur le plan du CO2. |
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26 juin. Daniel de Top-Pellet.ch adapte la chaudière en virant le brûleur à mazout pour le remplacer par une ingénieuse alternative : une vis sans fin plongeant dans le nouveau silo alimentera désormais un brûleur à pellets, tous deux gérés par un boîtier de régulation d'une simplicité désarmante. La vieille chaudière en fonte démarre une deuxième vie sans autre forme de procès, comme en témoigne la généreuse fumée blanche qui s'échappe par la cheminée lors de la première flambée ! Dans la maison, c'est la fête : le bois, c'est pas cher et ça sent trop bon ! Deux jours plus tard, le premier remplissage de combustible est réalisé avec succès. 3,5 tonnes de granulés sont soufflés dans la boîte ! |
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Juillet. Ouverture officielle de la chasse au gaspillage. Les deux vitrines frigorifiques énergivores ainsi qu'un frigo datant de l'âge de bronze sont mis en vente. La première vitrine, celle alpée en 2008 avec peine depuis les Haudères, lourde et mobile comme une enclume, est chargée sur une remorque à destination du Portugal le 12 en fin de journée. Des étagères seront installées durant la soirée pour meubler le grand vide laissé par cette première purge. Le lendemain matin, 8h00, l'épicerie ouvrira avec 0,39m2 de surface de vente supplémentaires ! Août. Le 22, dernières opérations en lien avec l'Opep : le siphonnage avec transfert des quelques milliers de litres de mazout devenus obsolètes jusqu'à la Colonie des écureuils ainsi que le dégazage de la citerne, condamnée aux oubliettes. |
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Septembre. Le 21, départ de la deuxième vitrine frigorifique, datant de 1987, pour le canton de Fribourg. Dans le dépôt, le frigo originel des années 70 partira quant à lui dans l'appartement d'un jeune couple du bas-valais quelques jours plus tard. Octobre. Débarrassé de son huile de chauffage et de ses trois plus gros dévoreurs d'électricité, l'épicier s'attaque à la transformation du dépôt qui se trouve derrière le comptoir, sous le niveau de la route des Marmottes. Montage d'un nouveau mur derrière lequel la froideur ambiante sera utilisée pour la conservation des fruits, légumes, fromages et autres salaisons. Place à une chambre fraîche 100 % naturelle ! |
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Novembre. Tant qu'à être en chantier, autant l'être en entier ! Côté magasin, crépissage de l'angle de la cheminée. Côté dépôt, coulage d'une chape sur le sol en terre battue. Côté internet, la plate-forme de location "de particulier à particulier" arolla-bazar.ch devient immo.arolla.org. |
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Décembre. Réception et mise en place de la nouvelle armoire frigorifique, un Joyeux Noël et hop, de l'avant vers une nouvelle saison d'hiver en espérant que tout se passe pour le mieux, tout particulièrement du côté du déneigement de l'espace public autour du chalet… Car les « amis » ne menacent pas, ils mettent en garde, mieux, ils conseillent. Tard le soir au téléphone par exemple. La privatisation des places devant l'épicerie provoque de sérieux grincements de dents. Le message laissé par les premières neiges d'octobre annonçait déjà la couleur du retour de manivelle : le petit vendeur de saucisses va savoir ce que c'est qu'utiliser une pelle… Bonne année quand même ! |
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2013. Bingo. Lors de chaque chute de neige, l'espace public permettant l'accès au magasin est "malencontreusement" oublié. Le déneigement de cette partie de la place de la Poste ne semble désormais plus faire partie du cahier des charges de l'entreprise mandatée par la commune… Le service public, c'est plus ce que c'était !!! Le petit vendeur de saucisses, dont les revendications sont purement et simplement ignorées par les autorités, utilisera donc sa pelle afin de garantir un accès sécurisé à sa clientèle non pourvue d'ailes ! |
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« La bêtise est infiniment plus fascinante que l'intelligence, infiniment plus profonde. L'intelligence a des limites, la bêtise n'en a pas », dixit le sarcastique Claude Chabrol dans ses pensées, répliques et anecdotes. Oui, la bêtise humaine est sans borne et le mépris une crasse dont on ne se débarrasse pas facilement. Mieux vaut donc en rire. D'ailleurs, ne dit-on pas que l'exercice est bon pour la forme, pour la tête et pour l'humeur ? |
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Juillet. À l'occasion de la 8ème édition de la Rencontre Internationale du Livre de Montagne Arolla qui se déroule au Grand Hôtel Kurhaus, les commerces de la station sont invités à proposer des espaces découvertes afin de faire connaître au public des artisans locaux à l'oeuvre. Au Rond-Point, c'est le bazar. Le stand des petits cailloux récoltés dans la région et passés dans la polisseuse par les polissons, l'atelier pyrogravure d'Eva Beytrison et les huiles essentielles de kinevital.ch titillent la curiosité. Une belle journée de rires, de partages et de convivialité! |
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Septembre. « Bonjour. Avez-vous un petit dépliant sur la région d'Arolla ? … … » À l'écoute du visiteur et désirant répondre à une demande qui se fait de plus en plus insistante, demande qui ne trouve malheureusement aucun écho du côté des instances officielles du tourisme de la région, l'équipe du Rond-Point prend l'initiative et sort un petit dépliant sur le val d'Arolla. 5000 exemplaires seront tirés et proposés gratuitement, opération financée grâce à des partenaires privés qui n'ont pas hésité à participer à l'aventure ! « Bonjour. Avez-vous un petit dépliant sur la région d'Arolla ? Ah, je le vois, merci beaucoup !!!» |
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Décembre 2013. Les efforts investis ces dernières années dans le but d'optimiser notre consommation d'énergie ont portés leurs fruits. Au-delà même des projections les plus optimistes : toutes factures confondues, les charges du bâtiment ont fondu de moitié. De quoi boucler le « vendredi 2013 » sur une note encourageante en espérant que les vents qui souffleront sur 2014 soient favorables et nous gardent des torpilles de la bêtise humaine qui n'ont d'autre hâte que celle de vous éventrer et de vous faire sombrer.
« La bêtise et la sottise diffèrent essentiellement en ceci, que les bêtes se soumettent volontiers à la nature, et que les sots se flattent toujours de dominer la société. » |
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2014. Vendredi 28 février, 7h20. BOUM!!!. Le chalet du Rond-Point et le sommeil de l'épicier sont ébranlés de concert. Sursaut de la bâtisse sous un coup de bélier contre les madriers de la paroi ouest. Sursaut des habitants et coup de sang contre le service de déneigement, ses virtuoses du volant et les autorités qui les mandatent. Un responsable ? Quelqu'un pour nous expliquer la raison qui justifie que les engins de déneigement s'appliquent à négliger l'espace public permettant l'accès au magasin tout en insistant à racler le goudron sous nos avant-toits, sur terrain privé, poussant le zèle jusqu'à poncer, voire défoncer nos parois… ? Non ? Non. |
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27 avril 2014. Photo d'Arolla estampillée "arolla.org" publiée en page 10 du cahier spécial PDG du Sonntagsblick! Mai 2014. Dans le but de lutter contre la sinistrose d'entre-saison qui mine l'éventuel visiteur qui s'égarerait dans notre fond de vallée, l'Épicerie met en place un service de soutien moral. Aussi, lorsque toutes les portes sont closes, ces derniers seront assurés de trouver à 2000 mètres du café à emporter, des sandwichs maison, de la conversation et même un accès au pipi-room ! |
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Les militaires de la Swissforce déployés dans le cadre de la Patrouille des Glaciers seront les premiers à tester et à approuver !! | ||
Juillet 2014. Depuis 5 ans, l'Épicerie édite ses propres cartes postales. Le 333ème modèle rejoint la collection sur les présentoirs qui tournent à plein régime et expédient vos messages aux quatre coins du monde. | ||
2015. Cécile, Nicole, Amandine, Alexandre et Christophe habitent le chalet du Rond-Point, au coeur d'une banlieue résidentielle semblable à des milliers d'autres - paisible, proprette et en apparence tellement sans histoire... Mais depuis quelques temps, ces cinq personnes sont hantées chaque nuit « enneigée » par le même cauchemar oppressant : le service de déneigement surgit des ténèbres à pas d'heure, muni de ses longues griffes d'acier plus bruyantes que la postcombustion d'un McDonnell Douglas F/A-18 Hornet pour semer le vacarme, la colère et la consternation. |
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Cette nuit du 29 au 30 mars 2015 ne fera pas exception à la règle, bien au contraire. De minuit quinze à une heure vingt, deux machines n'auront cesse que de lustrer le bitume autour du chalet avec fracas et bonhomie. Cécile, Nicole, Amandine, Alexandre et Christophe voient rouge. Du grandiose n'importe quoi, inadmissible foutage de gueule, tant pour les gens qui aspirent au repos que pour les contribuables qui voient l'argent public partir en décibels. À moins que… Mais oui… il s'agit probablement là d'une toute nouvelle politique de prévention consistant à anticiper l'accumulation de neige en limant le goudron ? Pour en avoir le coeur net, une lettre recommandée aux autorités compétentes s'impose. Nous n'oublierons pas toutefois d'y glisser une allusion au règlement communal de police concernant l'ordre public - des fois qu'il serait en vigueur et applicable pour tous. Juste au cas où... La lettre restera lettre morte. “Le silence est l'expression la plus parfaite du mépris.” George Bernard ShawRendormez-vous les enfants, tout va bien, tout est normal. D'ailleurs, ne sommes-nous pas les seuls à entendre ce tapage? Aaah schizophrénie quand tu nous tiens!!! |
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19 juin 2015. On ferme les yeux des morts avec douceur; c'est aussi avec douceur qu'il faut ouvrir les yeux des vivants. Jean Cocteau ne formule cependant pas la manière à adopter pour ouvrir les yeux des autorités, qui elles ont la chance que nous n'avons plus de pouvoir dormir à poings fermés sur leurs deux oreilles... | ||
Aussi, l'assemblée primaire fera office à la fois de tribune à notre plaidoirie et d'exutoire aux frustrations et colères accumulées face à l'obscurantisme et à l'indifférence affichée lors de chacune de nos précédentes revendications. “On ne peut jamais être neutre. Le silence est une opinion.” Henri Moret Le président de la commune reconnaît que l'administration a reçu plusieurs courriers de personnes différentes se plaignant de nuisances nocturnes. En accord avec les services de l’État du Valais, un GPS équipera, d'ici l'hiver prochain, les machines en charge du déneigement d'Arolla. Merci. |
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« il n'est rien au monde de plus puissant qu'une idée dont l'heure est venue » Victor Hugo | ||
21 août 2015. Il y a 50 ans, l'épicerie-kiosque-bazar du Rond-Point ouvrait ses portes. Jean et Marguerite, Cécile et Léon, Nicole et Christophe, Alexandre et Amandine… Que d'aventures et de pérégrinations en un demi-siècle ! Végé, Famila, Vis-à-Vis, Rond-Point, que d'enseignes pour un seul et même service. Joséphine Baker, Louis de Funès et tous les autres... Au Rond-Point, que de grands noms, jamais d'anonymes. Belges, Allemands, Hollandais, Français, Anglais, Américains, Australiens, Russes, Mexicains, Japonais, Genevois, Neuchâtelois, Vaudois, combien de tour du monde accomplis en votre compagnie en nos murs ? |
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Un grand merci à tous ceux qui savent qu'en achetant d'une petite entreprise, ils n'aident pas la 3e plus grosse multinationale à décorer leurs bureaux mais des enfants à grandir en s'épanouissant et des parents à prendre soin d'eux en mettant de la nourriture sur leur table. Que l'aventure continue! | ||
2015. Novembre Suite à une étude réalisée en octobre 2014, la parcelle où est bâti le chalet de l'épicerie – qui se situait en zone de danger élevé d'avalanches (zone rouge) - se situerait désormais en zone de danger d'avalanches rare et faible. « Une étude définitive sera toutefois exécutée une fois les travaux de paravalanches entrepris au Mont-Guitsa terminés. » De très bonne augure ! |
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12 février 2016.
Et bang contre le chalet. 14 février 2016. Et vlan dans le jardin. |
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Mars 2016. L'épicier revient sur ses aventures nordiques et ouvre son « Carnet de Voyage » pour une toute nouvelle revue bimestrielle tirée à 10'000 exemplaires et distribuée dans toute la Suisse romande , l'Agefi Bliss Magazine. « Si vous aimez l'aventure, suivez-moi. Je ne sais pas où je vais, mais j'y vais ! » Mai 2016. No comment. |
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